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La pression internationale sur la Syrie s’intensifie alors que la liberté de la presse est examinée minutieusement

Mardi, 3 Août 2010

• Il est interdit aux journalistes de voyager

• Des centaines de sites Internet d’actualités sont censurés

Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a commémoré les dix ans au pouvoir du régime syrien en publiant une lettre ouverte dans laquelle il énumère de graves atteintes à la liberté de la presse et d’Internet. Joel Simon, le directeur exécutif du CPJ commence par signaler les faits suivants :

« Le gouvernement continue à décider qui est journaliste et qui ne l’est pas, à filtrer Internet et à emprisonner les journalistes pour leur travail critique. »

L’Organisation pour la Démocratie et la Liberté en Syrie s’est jointe aujourd’hui à la campagne, par le biais d’une déclaration de son directeur, Ribal Al-Assad :

« Nous nous félicitons et soutenons la lettre du CPJ. Elle constitue une accusation accablante envers le régime syrien et les politiques des dix dernières années.

Un environnement favorable à des médias forts et libres en Syrie serait un investissement à long terme pour le progrès du pays. Elle favoriserait l’émergence d’une société civile forte, qui aboutirait à une démocratie stable et durable ainsi qu’à un développement social, politique et économique solide.

Nous appelons le régime syrien à mettre un terme à la censure de la presse et d’Internet, à débloquer les médias sociaux et à libérer tous les prisonniers politiques. »

Le CPJ est particulièrement critique envers l’utilisation arbitraire du droit syrien pour réduire au silence ou stopper les critiques à l’encontre du gouvernement. L’« affaiblissement du sentiment national » constitue un délit au titre de l’article 286 du Code pénal et est souvent utilisé pour bâillonner les journalistes se montrant critiques à l’égard du gouvernement ou de ses politiques.

De lourdes restrictions pèsent également sur Internet ; le CPJ souligne ainsi que, définitivement, la Syrie fait partie des dix pays qui oppriment le plus les blogueurs.

Récemment, l’Organisation pour la Démocratie et la Liberté en Syrie a appelé au « déblocage » d’Internet en Syrie. Seulement 16,5% des Syriens utilisent Internet. Il s’agit de l’un des taux de pénétration le plus faible au monde. Le régime a bloqué plus de 200 sites, s’agissant pour la plupart de sites remettant en question ses politiques. La censure vise particulièrement les réseaux sociaux et les plateformes de blogs dans le cadre d’une politique s’efforçant d’éviter l’organisation des partisans de la liberté et les rassemblements. Blogspot, Maktoob, Facebook et Youtube sont tous bloqués. Les utilisateurs d’Internet sont surveillés par le régime. Les propriétaires de sites Internet sont légalement tenus de conserver les coordonnées des personnes postant des commentaires ou des articles en ligne. Des agents de sécurité surveillent les cybercafés et les gérants ont l’obligation d’identifier leurs clients et de signaler les sites « illégaux » visités.

Ribal Al-Assad, qui dirige l’ODFS depuis Londres, a confirmé qu’il œuvrait à la formation d’un groupe de campagne parlementaire pour la liberté en Syrie, afin d’exercer une pression accrue pour le respect et la promotion de la liberté de la presse et d’Internet par le régime syrien.

Notes pour la rédaction:

L’Organisation pour la Démocratie et la Liberté en Syrie (ODFS) est un organisme indépendant ayant pour vocation la promotion de la démocratie, de la liberté et des droits de l’homme en Syrie et au Moyen-Orient.

L’ODFS œuvre à l’étude et à l’analyse des politiques et des événements actuels en Syrie et au Moyen-Orient et fournit des informations aux parlementaires, aux fonctionnaires, aux médias, aux groupes de réflexion, à la communauté académique, aux étudiants, au public et à toutes les parties intéressées en Grande-Bretagne et partout dans le monde.

M. Ribal Al-Assad est le fondateur et le directeur de l’Organisation pour la Démocratie et la Liberté en Syrie. Militant international de la démocratie, la liberté et les droits de l’homme, Ribal, 34 ans, est né en Syrie et vit en Occident depuis son exil forcé alors qu’il n’était qu’un enfant. Il aborde la lutte pour la démocratie et la liberté en Syrie et au Moyen-Orient avec des idées et une perspective nouvelle et prend régulièrement la parole au sein des plateformes sur les droits de l’homme et la politique. M. Ribal intervient également auprès des hommes politiques, des fonctionnaires, de la communauté académique, des journalistes, des groupes de réflexion, des groupes en faveur de la démocratie et de la défense des droits de l’homme dans le monde entier.

Par ailleurs, M. Ribal préside l’Arabic News Network (ANN) une chaîne de télévision par satellite diffusée dans toute l’Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord qui s’attache à la promotion des valeurs de la démocratie, de la liberté et de la paix au Moyen-Orient.

M. Ribal est profondément impliqué dans le développement du dialogue interreligieux et des relations entre les musulmans, les juifs et les chrétiens dans le monde. Lors des dernières années, M. Ribal a participé avec succès à la résolution des conflits et de la violence inter et intra-religieuse au Liban. L’une de ses réalisations les plus remarquables est d’avoir facilité le rapprochement entre les musulmans sunnites et alaouites au Liban-Nord.

L’Organisation pour la Démocratie et la Liberté en Syrie milite pour :

- la fin de l’état d’urgence, en vigueur depuis 1963 ;

- le respect des droits de l’homme pour tous les groupes, religions et minorités ;

- la fin de la corruption et la libéralisation de l’économie syrienne ;

- la fin de la censure de la presse et d’Internet ;

-la promotion des droits des femmes et une plus ample représentation des femmes syriennes

dans la sphère politique, économique et sociale ;

-la paix au Moyen-Orient via une solution sur la base de deux états avec la création d’un état palestinien viable, indépendant et démocratique et la restitution du plateau du Golan à la Syrie dans le cadre d’une paix en échange de territoires ;

- la fin de l’extrémisme et de la violence.

Texte de la lettre du CPJ, datée du 30 juillet :

Alors que vous fêtez le dixième anniversaire de votre arrivée au pouvoir ce mois-ci, nous vous écrivons pour attirer votre attention sur les circonstances qui continuent, en Syrie, à constituer des atteintes à la liberté de la presse. En dix ans, la situation des médias ne s’est guère améliorée, c’est toujours le gouvernement qui continue à décider qui est journaliste et qui ne l’est pas, à filtrer Internet et à emprisonner les journalistes pour leur travail critique.

Il y dix ans, dans l’allocution prononcée devant le parlement syrien à l’occasion de votre prestation de serment, vous avez dit que la « critique constructive » était l’un des piliers central du progrès de la Syrie. En 2007, alors que vous prêtiez serment pour la seconde fois, vous avez souligné que le succès de la réforme était lié au fait d’« informer correctement les citoyens. » La mission d’un journalise est d’informer et de faire preuve de l’esprit critique que vous évoquiez.

Votre accès à la présidence suscita un débat animé et plein d’espoir. Les journalistes étaient en première ligne de ces réflexions qui prirent le nom de « Printemps de Damas ».

Malheureusement, il ne fallut pas attendre longtemps avant que les voix critiques soient réduites au silence et que d’éminents journalistes comme Ibrahim Hemaidi de al-Hayat, soient jetés en prison (Hemaidi fut arrêté en décembre 2002 et libéré en mai 2003).

Aujourd’hui nous vous demandons de garantir qu’aucun journaliste ne se retrouve derrière les barreaux simplement pour avoir fait son travail.

• Nous vous appelons à intervenir pour assurer la mise en liberté d’Ali al-Abdallah, un journaliste indépendant, encore en détention bien qu’il ait purgé sa peine de 30 mois de prison pour un article critique écrit alors durant son incarcération.

• Nous vous demandons de donner les instructions pertinentes aux autorités compétentes pour retirer les accusations présentées contre deux journalistes d’investigation, Bassam Ali et Suhaila Ismail. Ils encourent un procès militaire suite aux rapports rédigés en 2005 et 2006 sur la corruption de l’entreprise publique d’engrais de Syrie. Ils sont passibles de poursuites alors que le gouvernement lui-même a jugé opportun de renvoyer le haut responsable de la compagnie suite aux délits mis à jour au cours de leur enquête.

L’heure est venue de modifier le Code de la presse du pays et d’en finir avec l’utilisation des dispositions anti-état du Code pénal contre les journalistes. En 2001, le CPJ a salué la légalisation des médias privés en Syrie, qui étaient interdits depuis 1963, mais les restrictions excessives que le Code de la presse, approuvé cette même année, imposaient aux journalistes, n’avaient pas manqué de nous inquiéter. Le Code de la presse donne au gouvernement des pouvoirs abusifs sur les publications écrites.

• L’article 12, par exemple, stipule que toutes les publications privées doivent faire état d’une autorisation délivrée par le gouvernement, une procédure variable, opaque et arbitraire. Les demandes peuvent être rejetées si la publication proposée est perçue comme une menace pour l’ « intérêt national » de la Syrie, terme très vague qui a été régulièrement interprété sous un biais politique.

• Les autorisations sont révoquées régulièrement et de façon arbitraire comme ce fut le cas pour Domari, un hebdomadaire satirique privé affichant un grand succès commercial, en 2003. L’article 28 dudit Code octroie au ministre de l’Information un pouvoir illimité pour décider qui est journaliste et qui ne l’est pas et qui est susceptible d’obtenir sa carte de presse.

• Le chapitre 4 du Code prévoit pour les éditeurs et les imprimeurs accusés de « mettre en danger la sécurité ou la souveraineté du pays et son intégrité » des peines de prison, des amendes et la fermeture. La définition très vague du délit a historiquement été utilisée pour bâillonner les voix critiques. L’article 51 prévoit de longues peines de prison et des amendes énormes – trois ans de prison et 1 million de livres syriennes (21 500 dollars US) pour « diffusion d’informations mensongères ».

En 2007, vous avez reconnu l’existence d’« un grand nombre de plaintes des médias et d’autres secteurs exprimant leur désaccord avec le Code de la presse actuelle. » Vous aviez alors indiqué que le ministère de l’Information était en train d’élaborer des recommandations pour améliorer la loi. Nous vous exhortons à assurer que les amendements, si longtemps attendus, soient promulgués, notamment ceux concernant les sujets évoqués ci-dessus.

Nous avons également relevé avec beaucoup d’inquiétude, que des journalistes en Syrie font souvent l’objet d’accusations au titre des dispositions anti-état du Code pénal, si vagues dans leur formulation, en particulier celles de l’article 278 (« des actes, des écrits ou des discours non autorisés par le gouvernement qui font courir à la Syrie le risque d’actes belligérants ou nuisent aux relations de la Syrie avec d’autres pays »), de l’article 285 (« affaiblir le sentiment national ou susciter des tensions raciales ou sectaires ») et enfin de l’article 286 (« diffusion d’informations mensongères ou outrancières »).

Nous vous demandons de vous assurer que ces dispositions, si vaguement définies, ne soient pas utilisées pour poursuivre des journalistes.

L’heure est venue pour votre gouvernement de mettre un terme à la censure des contenus d’Internet. Comme ancien président de la Société informatique syrienne, passionné d’ordinateurs et d’Internet, nous vous demandons d’en finir avec la censure exercée par l’État sur les contenus d’Internet. D’après le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression, 241 sites d’actualités et d’information ont été bloqués en Syrie en 2009. Les recherches du CPJ indiquent que le nombre total de sites bloqués est bien supérieur. Un rapport récent du CPJ place la Syrie parmi les 10 pays qui oppriment le plus les blogueurs en 2009.

Enfin, nous prions votre gouvernement de mettre un terme à la pratique habituelle qui consiste à interdire aux journalistes de voyager. Les rapports de presse dévoilent qu’en 2008, Lafa Khaled, correspondant d’Al-Jazeera, et MazenDarwish, directeur d’un groupe local pour la liberté de la presse n’ont pas été autorisés à voyager. Les investigations du CPJ montrent qu’il est interdit à un grand nombre de journalistes critiques de quitter le territoire syrien. Nous vous demandons de lever toutes ces interdictions de déplacement imposées aux journalistes.

…nous vous appelons à prendre des mesures visant à l’instauration en Syrie d’un environnement favorable à des médias critiques et dynamiques, aussi bien en ligne que sur papier.

Nous vous remercions de l’attention que vous voudrez bien porter à ces questions importantes. Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma considération distinguée.

Joel Simon

Directeur exécutif

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